« Et si on arrêtait de courir après les indicateurs ? Réconcilier performance QSE et bon sens terrain »

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« Et si on arrêtait de courir après les indicateurs ? Réconcilier performance QSE et bon sens terrain »

Chaque début d’année, c’est la même chose : mise à jour du tableau de bord, calage des cibles, saisie des chiffres… Et pourtant, malgré le temps investi, peu d’indicateurs servent réellement à piloter l’activité ou à prendre des décisions.

Et si la véritable performance ne résidait pas dans la multiplication des graphiques, mais dans la capacité à choisir les bons indicateurs, pour les bonnes raisons ?

Pourquoi ?

  • Réduire les tensions terrain/stratégie : Beaucoup de responsables QSE sont sous pression pour produire des indicateurs, parfois déconnectés de la réalité opérationnelle.
  • Répondre à un enjeu de sens : Remettre l’humain et la compréhension des processus au cœur du système de management.
  • Allier performance et épanouissement professionnel : Valoriser à la fois la performance, la simplicité et l’épanouissement professionnel.

Dans cet article, je vous propose un pas de côté : moins d’indicateurs, mais plus d’intelligence collective, de clarté et d’efficacité. Un sujet au cœur des enjeux de simplification, d’agilité et de sens que recherchent aujourd’hui les entreprises engagées dans la transformation.

Le piège du « tout indicateur » : quand mesurer devient une charge

Soyons honnêtes : dans beaucoup d’entreprises, les indicateurs sont perçus comme une contrainte. On les renseigne parce qu’il faut bien le faire pour l’audit ou la revue de direction. Pas par envie. Encore moins par utilité.

Quelques symptômes bien connus :

  • Des indicateurs suivis mais jamais analysés.
  • Des chiffres compilés dans des tableaux de bord oubliés.
  • Des réunions où l’on commente les écarts… sans action derrière.
  • Des indicateurs « fourre-tout » ou « copié-collés » d’années en années, sans lien avec les enjeux réels.
  • Des indicateurs « annuels » qui sortent uniquement pour combler la Revue de direction
  • Etc…

Résultat : les équipes se démobilisent, les managers perdent du temps, et la performance QSE devient une affaire de reporting, plutôt que de pilotage réel.

À quoi doit vraiment servir un indicateur QSE ?

Revenons à la base : un bon indicateur est un outil d’aide à la décision, pas un élément décoratif dans un PowerPoint. Il doit permettre de :

  • Donner du sens : éclairer une intention, un objectif stratégique.
  • Détecter un dysfonctionnement avant qu’il ne devienne critique.
  • Agir rapidement : c’est un capteur de dérive, pas un juge.
  • Créer du dialogue autour des enjeux qualité, sécurité, environnement ou RSE.

Un bon indicateur, c’est un thermomètre, pas une sanction.

Trois erreurs fréquentes (et évitables)

Voici les erreurs les plus courantes repérées en mission ou en audit :

  1. Mesurer ce qui est simple plutôt que ce qui est utile

Exemple : le nombre de formations réalisées… sans lien avec l’amélioration réelle des compétences ou des performances.

  1. Avoir trop d’indicateurs, et aucun prioritaire

Une entreprise suivait plus d’une soixantaine d’indicateurs QSE. Résultat ? Personne ne savait lesquels étaient vraiment stratégiques.

  1. Ne pas associer les acteurs concernés à la définition des indicateurs

Cela mène à des chiffres incompris, mal renseignés ou mal utilisés.

Les questions à se poser en 3 étapes

Étape 1 : Je garde, je ne garde pas ?

  • Cet indicateur est-il utile, compris, utilisé.
  • Cet indicateur est-il encore utilisé dans une réunion de pilotage ? Permet-il d’identifier une dérive ou de prendre une décision ?

Étape 2 : Quel est le besoin ?

  • À quel besoin répond l’indicateur ? À quelle décision doit-il aider ?
  • Quels sont les enjeux de vos parties intéressées ? Quelles attentes clients ? Est-il aligné avec les enjeux QSE/RSE de l’entreprise ?
  • Quel est le niveau de maturité de vos équipes ? Ont-elles les moyens d’agir sur ce qui est mesuré ?

Étape 3 : Qui ? Quoi ? Quand ?

  • Qui est en charge du relevé, de l’analyse, des décisions ?
  • Quel est l’intitulé, la formule de calcul … ?
  • Quand est-il relevé, analysé, révisé ?

Exemple inspirant : le cas de l’indicateur qui ne servait à rien (jusqu’à ce qu’on le reformule)

En audit dans une entreprise, je découvre un indicateur “taux de réalisation du plan de formation ».
Or, depuis plusieurs année ce taux est de 100%…aucun défi, aucune amélioration continue. Les formations se réduisent aux formations « obligatoires », aucune preuve ou mesure de montée en compétences des équipes au regard des enjeux de l’entreprise.

✅ Solution proposée : remplacer l’indicateur par :

  • « Taux de collaborateurs formés », permettant d’évaluer la part de collaborateurs bénéficiant de formation
  • « Taux de collaborateurs ayant suivi une formation à moins de deux ans », permettant de s’assurer de la part de collaborateur bénéficiant d’une formation régulièrement.
  • « Taux de compétence acquises », permettant d’évaluer l’acquisition de compétence globales dans l’entreprise par la formation.
  • « Taux de compétence acquises », permettant d’évaluer l’acquisition de compétence globales dans l’entreprise par la formation.
  • Etc…

Conclusion : mesurer moins pour piloter mieux

En résumé, il ne s’agit pas de rejeter les indicateurs, mais de les réconcilier avec la réalité du terrain et les enjeux de votre organisation.

Un bon tableau de bord, c’est comme une bonne boussole : il n’a pas besoin de tout indiquer, seulement de vous orienter.

Alors, prêts à faire le ménage dans vos indicateurs ?

« La performance, ce n’est pas plus de chiffres, c’est plus de clarté. »

Et maintenant ? Un plan d’action simple et progressif

Pour passer de l’intention à l’action, il peut être utile de s’appuyer sur une démarche structurée et outillée :

Objectif : Alléger, clarifier et redonner du sens au pilotage QSE/RSE, en s’appuyant sur des indicateurs utiles, compris, et partagés.

1 – Faire le tri dans les indicateurs existants : Identifier – Supprimer – Prioriser

  • Recenser tous les indicateurs QSE/RSE utilisés (par processus, direction, site…)
  • Vérifier leur usage réel (est-il suivi ? analysé ? utilisé ?)
  • Attribuer une valeur d’usage : inutile / à clarifier / utile

2 – Recentrer sur les besoins de pilotage : Besoins utilisateurs et stratégie

  • Rappeler les enjeux QSE/RSE prioritaires (stratégiques, opérationnels, réglementaires)
  • Identifier les décisions clés à prendre au niveau direction, processus, terrain
  • Reformuler les objectifs des indicateurs pour qu’ils soient orientés action : enjeux → décision → indicateur associé

3 – Co-construire un tableau de bord allégé et lisible : Nombre raisonnable et choix collaboratif

  • Choisir 3 à 5 indicateurs par niveau : stratégique / processus / terrain
  • Rédiger les fiches d’indicateurs (définition, source, fréquence, pilote, seuils…)
  • Tester la lisibilité et l’appropriation avec les utilisateurs

4 – Intégrer les indicateurs dans la vie de l’entreprise : Ancrer et faire vivre

  • Intégrer les indicateurs dans les réunions d’équipe, de pilotage et les revues
  • Créer des rituels simples (ex : météo des indicateurs en réunion)
  • Utiliser des visuels accessibles (feux, smileys, graphiques simples)

5 – Améliorer en continu : Agilité et évolutif

  • Planifier une revue périodique des indicateurs (annuelle au minimum, lors de la Revue de direction par exemple)
  • Supprimer ce qui ne sert plus, ajuster les seuils ou les formats
  • Intégrer de nouveaux besoins selon les évolutions internes ou externes

 

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