L’Intelligence Économique fait son apparition dans les normes ISO 9001 et 14001 !
Cet article porte sur les nouveautés des normes ISO 9001 et ISO 14001 versions 2015. Plus spécifiquement, je vais tenter d’aborder certains des nouveaux chapitres et de vous donner quelques axes pour les prendre en considération. Ces nouveaux chapitres traitent principalement de la compréhension du contexte de l’organisme et de l’identification des risques et opportunités par processus. Ayant un parcours en Qualité, Sécurité et Environnement mais également en Intelligence Économique, j’ai vécu ces nouveautés comme des moyens détournés de vulgariser, de démocratiser l’IE dans les entreprises. Et j’en suis intimement convaincu, c’était le meilleur moyen de le faire !
Quelques rappels sur l’Intelligence Économique
Au même titre que la Qualité, la Sécurité ou l’Environnement, l’Intelligence Économique est une discipline managériale. Introduite dans les années 90 en France, elle est appelée outre-Manche ou outre-Atlantique : « competitive intelligence ». En France, elle commence à se structurer avec le Rapport Martre dès 1994. S’en suit la création de formations universitaires dédiées comme l’ICOMTEC dès 1996. En 2003, un second rapport structurel sera publié par la Documentation Française, il s’agit du rapport Carayon.
L’intelligence Économique, de même que le QSE, est très transversale dans l’entreprise (R&D, communication, marketing, stratégie…). Communément, on estime qu’il existe 3 piliers dans cette discipline :
- La recherche d’informations et la veille,
- La protection du patrimoine (matériel et immatériel),
- L’influence et l’identification des parties prenantes.
In fine, la vocation de l’IE est de permettre à l’entreprise de protéger ses savoir-faire et ses biens, de comprendre son environnement, d’anticiper certaines de ses évolutions et même, parfois, de pouvoir influer sur celles-ci.
Vous commencez à voir où je veux en venir ?
La veille réglementaire via la rubrique « exigences légales et autres exigences » était déjà présente dans la norme ISO 14001 version 2004, l’analyse des risques via des approches systémiques comme le diagramme d’Ishikawa ou encore la méthode MOSAR est également un incontournable de notre fonction. De même, les AMDEC, la sécurité incendie, la sûreté sont autant d’éléments qui contribuent à la protection du patrimoine matériel de l’entreprise.
Directement et indirectement, les acteurs du QSE sont donc déjà impliqués dans des démarches d’Intelligence Économique.
Comment l’Intelligence Economique intègre-t-elle les versions 2015 des normes ISO 9001 et 14001 ?
La vraie nouveauté réside que cet état d’esprit général de l’Intelligence Économique fait désormais partie intégrante des nouvelles normes ISO 9001 et ISO 14001 ! En effet, dans les versions 2015 de ces normes, la « High Level Structure » (HLS) a été adoptée. Il s’agit d’une structure commune des normes qui a pour vocation d’harmoniser l’organisation des référentiels ISO. La future norme en management de la santé et la sécurité au travail (ISO 45001) adoptera également ce nouveau format de norme.
L’intelligence Économique s’immisce ainsi dans les chapitres 4 « Contexte de l’organisme » et 6 « Planification » des normes ISO 9001 et ISO 14001.
L’identification, la compréhension des parties intéressées et de leurs attentes en est un exemple. Concrètement, les organismes certifiés ou envisageant la certification vont pouvoir, devoir effectuer des cartographies d’acteurs, se poser des questions sur leur environnement (clients, fournisseurs, concurrents, pouvoirs publics, actionnaires, salariés, syndicats, riverains…), identifier des attentes, des obligations de conformité. Autres que les seules exigences légales.
La nouveauté majeure qui place l’Intelligence Économique au cœur de ces nouvelles versions est le paragraphe « Actions à mettre en œuvre face aux risques et aux opportunités ». Il s’agit en fait d’analyser de façon poussée les risques et les opportunités de chaque processus de la cartographie. Par exemple, pour un processus « Développement commercial », un risque pourrait être d’avoir un client représentant 40% du chiffre d’affaires et d’être dépendant à celui-ci. Que se passerait-il s’il décide de changer de fournisseur ou de prestataire et de travailler avec un des concurrents ?
Une opportunité serait, par exemple, l’assouplissement d’une législation à l’étranger qui permettrait à l’entreprise de se positionner sur un nouveau marché.
De même, pour un processus « Recherche et Développement » un risque potentiel pourrait être l’apparition d’un produit de substitution ou d’une innovation non prise en compte dans le processus. A contrario, si une démarche de veille technologique existe, que des rapprochements avec des universités et des laboratoires ont été effectués, ce type d’évolutions peut être anticipé et non plus subi, devenant ainsi de véritables opportunités de développement.
Ce qui est attendu par les normes c’est que l’organisme, pour les risques et opportunités identifiés selon les processus, définisse des plans d’actions spécifiques.
Quelques pistes d’action
Pour vous accompagner dans la prise en compte de ces nouveautés et dans leur mise en place, vous pourrez vous appuyer sur différents outils d’analyse ou de formalisation :
- Méthode PESTEL pour prendre en considération toutes les dimensions de l’environnement de l’organisme pour identifier les parties intéressées,
- Outils de cartographie, du type Xmind par exemple, pour formaliser cet environnement,
- Méthode SWOT pour identifier les forces, faiblesses, opportunités et menaces de vos processus,
- Différentes matrices pour formaliser des plans d’actions ou le résultat des SWOT.
Du fait de ces nouvelles normes, les acteurs de l’Intelligence Économique et ceux du QSE vont devoir s’ouvrir et parfois collaborer pour faciliter l’assimilation et le déploiement des nouvelles exigences par les organismes.
Comments (5)
Article très intéressant. Cependant je me demande à partir de quel point, concrètement, un auditeur va statuer sur la compréhension par l’organisme des parties intéressées et des risques existants. Sans pour autant vraiment connaitre le milieu dans milieu dans lequel l’entreprise évolue.
Cependant, en général, la Direction connait ses risques et sait connais y faire face. Sans vraiment le formaliser sous forme de plan d’action.
Slt Damien,J’ai lu vos conseils.je suis encore plus que motivé à continuer mes études dans ce domaie.
Merci pour cet article… encore une connaissance de plus…..
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